Les cours de religion seraient à nouveau notés en Espagne

Un projet de loi approuvé vendredi 17 mai redonne une valeur académique aux cours de religion. Les partis de gauche sont vent debout contre cette réforme.

Noter les cours de religion, c’est l’une des propositions du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy pour réformer l’enseignement en Espagne. L’évaluation ne serait pas séparée du cursus général, mais serait prise en compte pour le calcul de la moyenne générale. Le projet a été approuvé vendredi dans le cadre d’une loi plus générale « d’amélioration de la qualité de l’éducation ». Le texte doit encore être débattu au Parlement, mais il a toutes les chances d’être adopté, le gouvernement y détenant la majorité absolue.

« Qu’est-ce que la qualité de notre éducation a à voir avec l’éducation religieuse, la religion catholique, notée pour avoir des bourses ou pour entrer en médecine ? », s’est insurgé le leader de l’opposition socialiste, Alfredo Pérez Rubalcaba. Même son de cloche à sa gauche : le député de Madrid et membre de la coalition  communiste – écologiste, Gaspar Llamanzares, a dénoncé le projet comme rétrograde : « À chaque fois, je comprends moins le langage du Parti populaire [au pouvoir] qui parle de modernisation quand il s’agit d’un retour en arrière de trente ans, et parle de consensus quand il s’agit d’un texte imposé à la communauté éducative. 

C’est la septième réforme de l’éducation en 35 ans, rappelle Le Figaro, et encore une fois elle divise le pays. En Espagne, le programme de l’enseignement religieux est fixé en accord avec le Vatican ; les cours sont dispensés dans les écoles publiques et privées. Les professeurs sont nommés par l’Église catholique et rémunérés par l’administration publique — une situation quasi concordataire. Une loi de 1990 a cependant mis fin à l’évaluation de ces cours. En 2006, le Parti socialiste a même rendu cette matière facultative : les élèves pouvaient assister à la catéchèse ou jouer dans la cour.

L’intérêt pour ces cours a diminué au fil des ans. En 2000, 83 % des élèves de l’école primaire et 64 % des collégiens y assistaient ; à la rentrée 2009, ils n’étaient plus que 74 % et 54 %. Du coup, la gauche accuse la droite de céder aux exigences de l’Église en encourageant l’évangélisation à l’école. Le gouvernement, lui, réaffirme que l’objectif principal de la loi est de réduire l’échec scolaire en ouvrant un maximum de possibilités. Le taux d’abandon des Espagnols est en effet deux fois supérieur à la moyenne européenne.

Source : Le Monde des Religions

 

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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