Les élections du CFCM ne ramènent pas la concorde

Le premier tour des élections du Conseil français du culte musulman samedi 8 juin est l’aboutissement d’un long processus de réforme, compliqué par les querelles internes, lancé en 2008.

Les élections des instances dirigeantes du Conseil français du culte musulman, prévues les 8 et 23 juin, étaient censées clore cinq années de querelles entre les trois principales fédérations de l’islam de France qui, toutes, prétendent être les plus légitimes pour le représenter : la Grande Mosquée de Paris (proche de l’Algérie), qui se targue d’une légitimité « historique » ; le Rassemblement des musulmans de France (RMF, proche du Maroc), qui revendique le plus grand nombre de mosquées ; et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans), qui prétend être la plus proche « du terrain ».

Toutes trois avaient signé un accord en décembre 2012, prévoyant des instances plus collégiales, instaurant une présidence tournante et augmentant la part des membres désignés par les fédérations au détriment des élus. Un accord aussitôt dénoncé par les fédérations plus petites (représentant des musulmans turcs, d’Afrique et des Antilles, etc.) et par les mosquées indépendantes, ses principales victimes.

Pourquoi n’y a-t-il pas consensus ?

Les responsables du CFCM ne cessaient de répéter ces derniers temps qu’ils avaient entendu la lassitude de la rue musulmane et allaient faire aboutir les dossiers : labellisation du halal, des organismes de pèlerinage à la Mecque… Las, les vieilles habitudes ont repris le dessus. Le processus a tourné à la foire d’empoigne, y compris entre les trois grandes fédérations. À la surprise générale, dénonçant les « déchirements et la convoitise de règle dans la plupart des régions » à l’occasion de la constitution des listes communes, l’UOIF a appelé mercredi dernier à « reporter les élections » et « à défaut » a annoncé « son retrait » du processus électoral.

Dans un communiqué du 6 juin, le bureau exécutif du CFCM, piloté par le « Marocain » Mohammed Moussaoui, avait « invité l’UOIF à reconsidérer sa position », lui rappelant « l’étendue des défis que doit relever l’instance représentative du culte musulman », « sa faible mobilisation dans certaines régions », et donc une place inférieure à ses attentes sur les listes communes, et annoncé le maintien du calendrier initial.

Quel est le résultat ?

Finalement, sur les 44 sièges du conseil d’administration soumis au vote le 8 juin, le RMF en remporte 25 ; la Grande Mosquée de Paris, 8 ; les Turcs, 7… L’UOIF n’a que 2 élus, 22 de ses délégations régionales sur 25 ayant boycotté le scrutin. Les élections ont mobilisé 3 460 délégués, soit 77 % des inscrits, désignés par 901 mosquées.

Les membres du conseil d’administration, composé des 44 élus et d’autant d’administrateurs cooptés, désigneront le 23 juin le bureau exécutif qui élira le président du CFCM. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, devrait retrouver ce poste.

 

Source : La Croix

 

 

 

 

F. Achouri

Sociologue.

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