Les hindouistes de Strasbourg en conflit avec la mairie

Les hindouistes de Strasbourg en conflit avec la mairie

Des hindouistes oubliés

Lors de la parution de la précédente édition du calendrier, en janvier 2013, Le Monde des Religions avait pointé l’absence de certains cultes. Nous écrivions alors : « Quid en effet des hindouistes, des taoïstes, des shintoïstes, des sikhs, des confucianistes… et de toutes les autres pratiques religieuses — animisme, vaudou… ? » La réaction de la communauté hindouiste ne s’était d’ailleurs pas fait attendre. L’association Bhakti Mandir avait fait savoir sur notre site en janvier 2013 que « les hindous vivant au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg se sont sentis extrêmement blessés que leur communauté ne figure pas dans le calendrier interreligieux édité par la ville de Strasbourg pour 2013. »

L’association aurait fait part de la situation au député maire socialiste Roland Ries : « En juin 2013, à l’issue d’une réunion bouddhiste durant laquelle M. Kaushik Gupta a pris la parole pour dénoncer l’oubli et l’ostracisme qui frappent la communauté hindoue, le député maire de Strasbourg a promis d’inclure les Hindous dans le calendrier inter-religieux de 2014. Ses propos seront-ils transformés en actes ? Seul le temps nous le dira… »

La coupe du mépris

Le député maire Roland Ries a tenu sa promesse. Les hindouistes sont bien présents au calendrier 2014. Mais l’association Bhakti Mandir a décidé qu’elle ne voulait plus que l’hindouisme y figure. Dans un communiqué de janvier 2014 intitulé : « Quand la coupe du mépris est pleine », elle déclare : « Suite à cet incident grave, Bhakti Mandir a officiellement fait savoir à la ville de Strasbourg qu’elle boycottait ce calendrier des religions 2014. Imaginez sa surprise – et la colère de ses membres – en découvrant que la religion hindoue figurait tout de même sur le calendrier de l’édition 2014. »

Quel est cet incident grave ? L’association dénonce des « discussions souvent tendues » lors des réunions de travail, ajoutant que « certains membres de la commission, attribuant à chaque religion la place réservée à ses fêtes, avaient manqué de respect et traité avec mépris les représentants hindous ».

Manque de locaux

« Le conflit n’est pas de notre fait » se défend Jean-Michel Cros, directeur chargé de l’étude et de l’observation de la vie religieuse à Strasbourg. « Nous avons excellentes relations avec la communauté hindoue. Le problème est lié au président de l’association qui a tenu des propos agressifs envers des élus et des représentants d’autres confessions au sujet du manque de locaux pour sa communauté. Il refusait de parler des fêtes ».

L’octroi et le financement de lieux de cultes est une des missions de l’État en Alsace, puisque ce département n’est pas soumis à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat (il était en 1905 sous domination allemande). Jean-Michel Cros précise que « l’octroi de locaux est en court de traitement, mais que cela prend du temps : il faut que le bâtiment soit aux normes, etc. » Selon l’association Bhakti Mandir, la cause de la discorde est différente : « Kaushik Gupta, avait demandé que soit intégrée dans le calendrier la communauté baha’ie [monothéisme né en Perse il y a cent cinquante-six ans, ndlr] qui avait été “oubliée“. »

« Ce n’est pas à eux d’exiger que les Baha’ie soient intégrés au Calendrier », répond Jean-Michel Cros,  « C’était du chantage : le président nous a dit : “si vous ne les intégrez pas, nous claquons la porte“. Nous les avons laissé partir. Pour autant, les hindous sont désormais présents au calendrier et y resteront. »

Le rendez-vous est pris pour l’édition 2015 du calendrier.

 

Le Monde des Religions.fr

 

F. Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

Nos services s'adressent aux organisations publiques et privées désireuses de mieux comprendre leur époque.

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