Les Palestiniens incendient un lieu sacré juif, appels à un « vendredi de la révolution »

Le Conseil de sécurité de l’Onu se réunira à 15H00 GMT à New York à l’instigation des pays arabes.

 

 

Des dizaines de Palestiniens ont attaqué le tombeau de Joseph à Naplouse dans le nord de la Cisjordanie occupée et incendié ce site révéré par les juifs, vendredi à l’aube d’une journée de mobilisation à travers les Territoires palestiniens.

Les troubles ont semblé marquer une pause jeudi, pour la première fois depuis plusieurs jours.
Mais vendredi, des Palestiniens ont mis le feu au tombeau de Joseph, vénéré par les juifs, selon la police palestinienne et l’armée israélienne. Des dizaines de Palestiniens ont lancé des cocktails Molotov sur le site, source de vives tensions entre Israéliens et Palestiniens par le passé, a précisé la police palestinienne.

Pour les juifs, le tombeau abrite la dépouille de Joseph, l’un des douze fils de Jacob, vendu par ses frères et conduit en Égypte, d’où son corps a été ramené selon la tradition biblique. Le site, où les Palestiniens affirment que se trouve la tombe d’un cheikh local, avait été le théâtre d’affrontements meurtriers notamment durant la deuxième Intifada (2000-2005).

L’incendie du tombeau est susceptible de renforcer les inquiétudes que l’escalade ne prenne une dimension confessionnelle encore plus dangereuse. Le président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié l’acte d' »irresponsable ».

Les groupes palestiniens ont dans ce contexte tous appelé à faire de cette journée un « vendredi de la révolution » en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les Palestiniens devraient aller manifester face aux forces israéliennes après la grande prière hebdomadaire musulmane en début d’après-midi.

 

Après deux semaines de violences qui font craindre une nouvelle intifada, les forces israéliennes se préparaient à de nouveaux heurts. La police, déployée en masse, a interdit aux hommes de moins de 40 ans l’accès à l’ultrasensible esplanade des Mosquées à Jérusalem.
Au même moment, la diplomatie, qui a paru impuissante jusqu’alors, cherchait toujours le moyen d’apaiser les esprits. Le Conseil de sécurité de l’Onu se réunira à 15H00 GMT à New York à l’instigation des pays arabes. Le secrétaire d’État américain John Kerry a l’intention de se rendre dans les « prochains jours » dans la région.

La Cisjordanie et Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, sont secouées depuis le meurtre le 1er octobre d’un couple de colons israéliens, par des heurts entre lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, des agressions entre Palestiniens et colons et des attentats, principalement à l’arme blanche, qui font redouter une nouvelle intifada.

Les violences ont fait 32 morts, dont plusieurs auteurs d’attentats, et des centaines de blessés côté palestinien, ainsi que sept morts et des dizaines de blessés côté israélien. Elles se sont étendues le 9 octobre, après la prière hebdomadaire précisément, à la bande de Gaza, coupée géographiquement de la Cisjordanie par le territoire israélien, et cadenassée par les blocus israélien et égyptien.

 

Le ‘risque Daech’

Policiers et garde-frontières ont été déployés en masse à Jérusalem. Trois cents soldats viendront dimanche à Jérusalem pour prêter main forte aux policiers. L’appel à l’armée est supposé contribuer à endiguer les violences, mais aussi à rassurer la population, dont les nerfs sont mis à l’épreuve par plus d’une vingtaine d’attaques à l’arme blanche depuis le 3 octobre et, pour la première fois mardi, un attentat à l’arme à feu dans un bus à Jérusalem.
Les alertes se succèdent, souvent injustifiées, et l’anxiété pousse les Israéliens à s’armer. Les tensions suscitent aussi les appels à la haine réciproque sur les réseaux sociaux.

Difficile de discerner quelle part peut revenir à la diplomatie. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est redit prêt jeudi soir à rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas, y compris en présence du roi Abdallah II de Jordanie. Il a de nouveau accusé M. Abbas d’incitations à la violence. Pour la première fois, il a reçu un soutien ferme de la part du secrétaire d’État américain.

M. Abbas « doit condamner (la violence) haut et fort », a dit M. Kerry à la radio NPR News, « et il ne doit pas se livrer à une incitation dans le registre de ce qu’il a parfois été entendu dire ».
Son homologue français Laurent Fabius s’est, lui, alarmé du risque de voir « se déliter » la solution « à deux États » israélien et palestinien coexistant en paix. « Nous alertons même sur le risque que Daech puisse s’accaparer la cause palestinienne avec des conséquences en chaîne qui seraient dramatiques », a-t-il ajouté en utilisant un acronyme en arabe du groupe jihadiste État islamique qui s-me la terreur notamment en Irak et en Syrie.

 

L’Orient Le Jour

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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