Yohanna Ibrahim et Boulos Yaziji, chefs respectifs de l’Eglise syrienne orthodoxe et l’Eglise grecque orthodoxe à Alep enlevés lundi dans le nord de la Syrie ont été libérés mardi 23 avril vers 14 heures locales (15 heures à Paris), a annoncé l’association L’Œuvre d’Orient dans un communiqué. « Les deux hommes seraient déjà à l’église orthodoxe Saint-Elie d’Alep », affirme le communiqué de l’association d’aide aux Eglises d’Orient.
L’opposition syrienne avait accusé Damas d’être derrière cet enlèvement, affirmant que le pouvoir était furieux contre l’un des prélats qui a récemment émis des propos se démarquant du régime de Bachar Al-Assad. Les rebelles de « l’Armée syrienne libre ont démenti catégoriquement toute implication dans l’enlèvement », avait ajouté l’opposition.
« DJIHADISTES TCHÉTCHÈNES »
Yohanna Ibrahim et Boulos Yaziji avaient été enlevés, lundi, par « un groupe terroriste » dans le village de Kafr Dael, dans la province d’Alep, rapporte l’agence officielle syrienne SANA. Selon le diocèse orthodoxe syrien, les ravisseurs seraient des « djihadistes tchétchènes ».
Selon le diocèse syrien, l’évêque Yohanna Ibrahim « menait une mission humanitaire pour libérer deux prêtres enlevés il y a deux mois » et était allé à la frontière turque après des informations sur leur présence là-bas. Dans le même temps, il raccompagnait l’évêque Yaziji qui se trouvait à la frontière. Sur le chemin de retour, au village de Kafar Dael, le groupe armé a intercepté leur voiture et les a enlevés, tuant d’une balle dans la tête le chauffeur des deux prélats.
LE GOUVERNEMENT GREC EN ALERTE
Le pape François a fait savoir mardi qu’il priait pour la libération des deux évêques et pour la réconciliation du peuple syrien. Pour le porte-parole du souverain pontife, cet enlèvement « est une dramatique confirmation de la situation tragique dans laquelle vit la population de la Syrie et ses communautés chrétiennes », qui s’ajoute à « l’augmentation de la violence dans les derniers jours et à une urgence humanitaire immense ».
Le gouvernement grec est en alerte et assure être en « contact constant » avec le chef spirituel de l’église orthodoxe Bartholomée à Istanbul, ainsi que le patriarche orthodoxe Jean X d’Antioche et de tout l’Orient, Youhana Yazigi, qui réside à Damas. Le ministre des affaires étrangères Dimitri Avramopoulos a notamment eu un entretien téléphonique avec le chef par intérim de l’opposition syrienne George Sabra, qui l’a assuré qu’il ferait tout ce qu’il est en son pouvoir pour tenter de retrouver et libérer les deux évêques.
Les chrétiens, qui constituent environ 5% de la population syrienne, sont particulièrement vulnérables dans le contexte d’anarchie favorisé par le conflit qui ensanglante le pays depuis le début 2011, soulignent les organisations de défense des droits de l’homme. Les deux jeunes prêtres catholiques d’Alep recherchés par l’evêque Ibrahim avaient été enlevés en mars contre demande de rançons, et ne sont pas réapparus. Ce-dernier était connu pour servir d’intermédiaire dans des cas d’enlèvements notamment de chrétiens.
Source : Le Monde.fr