Au moins sept personnes ont péri dans l’explosion de deux bombes contre une église de Jolo, une île du Sud des Philippines qui est le bastion de l’organisation islamiste Abou Sayyaf. La première bombe a explosé dans l’église au moment de la messe, et la seconde dans le parking quand les militaires sont arrivés, a déclaré le lieutenant-colonel Gerry Besana, porte-parole régional de l’armée.
Cinq soldats et douze civils ont été tués dans ce double attentat. « C’est probablement un acte terroriste. Il y a des gens qui ne veulent pas la paix », a déclaré l’officier qui a de son côté fait état de 20 morts et 81 blessés. « Nous utiliserons toute la force légale pour amener devant la justice les auteurs de cet incident », a déclaré dans un communiqué le ministre de la Défense Delfin Lorenzana.
L’attentat intervient deux jours après l’annonce de l’approbation massive, lors d’un référendum lundi dernier, de la création de la région autonome Bangsamoro, dans le sud des Philippines. La mise en place de cette zone sur un territoire à majorité musulmane (alors que l’archipel est majoritairement catholique) vise à rétablir la paix après des décennies d’un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts.
Un accord signé avec le gouvernement
Dans les années 1970, des musulmans avaient pris les armes pour réclamer l’autonomie ou l’indépendance du sud des Philippines, qu’ils considèrent comme leur terre ancestrale. Cette insurrection a fait 150.000 morts.
Le principal groupe rebelle, le Front Moro islamique de libération (Milf), avait signé en 2014 un accord de paix avec le gouvernement prévoyant d’octroyer l’autonomie à la minorité musulmane dans certaines parties de la grande île de Mindanao et des îles de l’extrême sud-ouest.
Conformément à cet accord, 2,8 millions d’habitants de cette région ont été appelés lundi à voter et 1,7 million se sont prononcés en faveur de la création de la nouvelle région autonome nommée Bangsamoro, quelque 254.600 ayant voté contre, a fait savoir vendredi 25 janvier la commission électorale.
L’organisation Abou Sayyaf dans le viseur
Ce processus, qui a débuté dans les années 1990, n’inclut pas les organisations islamistes comme Abou Sayyaf, encore très actives dans le sud des Philippines et que le Milf combat aux côtés des forces gouvernementales, avec lesquelles il a fait alliance. La province de Sulu, à laquelle appartient Jolo, bastion d’Abou Sayyaf, a globalement voté contre la création de la nouvelle région.
Abou Sayyaf, qui s’est spécialisé dans les enlèvements crapuleux, est aussi accusé d’avoir organisé les pires attentats perpétrés dans l’archipel, en particulier celui contre un ferry qui avait fait plus de 100 morts en 2004. Abou Sayyaf est une ramification extrémiste de l’insurrection séparatiste musulmane. Il a été créé dans les années 1990 grâce aux financements d’un membre de la famille du chef d’Al-Qaïda Oussama ben Laden.
AFP