« Après la pédophilie, c’est l’autre crime que l’Eglise doit affronter. Partout dans le monde, des prêtres abusent sexuellement de religieuses placées sous leur autorité. » Quelques jours après le sommet inédit du Vatican sur la lutte contre la pédophilie et les abus sexuels au sein de l’Église catholique, un documentaire choc révélant les nombreux cas de viols sur des religieuses, « l’autre scandale de l’Église », a été diffusé sur Arte le mardi 5 mars.
Ce documentaire, résultat d’une enquête de deux ans réalisée sur quatre continents, pointe du doigt le rôle du Vatican pour étouffer les faits à travers des temoignages forts des religieuses, qui racontent des viols commis sous prétexte, entre autres, de « pénitence » ou de témoignage de « l’amour véritable de Dieu ».
« Quand on dénonce un prêtre, on dénonce aussi l’Église », témoigne Cécilia, abusée sexuellement par un prêtre. Elle comme d’autres religieuses soulignent la difficulté pour elles de dénoncer les actes sordides commis contre elles, car, bien qu’elle décide de les signaler, le système ecclésiastique ne se positionne pas en leur faveur.
La douleur est d’autant plus rude pour ces religieuses qui ont vu leurs vœux de chasteté brisés par des hommes d’Eglise. Obligée de se taire, renvoyée de la congrégation ou contrainte à l’avortement, les victimes payent les frais des crimes de leurs bourreaux qui ne sont que peu ou pas inquiétés. Le documentaire, en replay jusqu’au 3 mai dénonce de cette façon l’omerta de l’Église et la culture de l’impunité qui règne au sein du tribunal clérical.
A la diffusion du documentaire, la Conférence des Évêques de France (CEF) a indiqué, dans un communiqué, « s’associe(r) pleinement à la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF) dans sa profonde indignation, sa tristesse et sa colère », et exprime son soutien, « ses pensées et ses prières » envers les victimes.
Selon la CEF, « la lutte contre les abus sexuels et toute autre sorte d’abus dans l’Église est aujourd’hui une priorité que chacun doit porter en pleine responsabilité ». « C’est avec cette conviction que la CEF et la CORREF poursuivent leurs efforts pour accueillir et écouter les personnes victimes mais aussi, avec elles, pour continuer ce combat contre tout abus dans l’Église : abus de pouvoir, abus de conscience, abus sexuels », conclut-elle.
Saphirnews