Tunisie : fin du pélerinage de la Ghriba

Des centaines de pèlerins juifs tunisiens et étrangers ont afflué dimanche à la synagogue de la Ghriba, sur l’île de Djerba, pour le deuxième et dernier jour d’un pèlerinage annuel sous très haute sécurité.

Selon les organisateurs, près de 1 500 personnes, dont des Français, des Italiens et des Israéliens, ont participé du vendredi 16 au dimanche 18 mai au pélerinage annuel de la Ghriba, la plus ancienne synagogue d’Afrique située sur l’île tunisienne de Djerba.

La célébration a été joyeuse et détendue, prenant parfois des allures de réunion de famille. Le pélerins ont suivi le rituel, priant et déposant dans une cavité au fond de la synagogue des œufs sur lesquels ont été inscrits des vœux de santé, de bonheur et de fertilité.

Visite d’Amel Karboul

Amel Karboul, la ministre tunisienne du Tourisme, s’est rendue en fin de journée à la Ghriba pour s’adresser aux pèlerins. « La Tunisie a besoin de vous, de nous tous, pour réaliser le rêve de la ‘convivencia’ (coexistence, ndlr) du 21ème siècle. Notre pays est le vôtre », a lancé la ministre, qui se tenait aux côtés du Grand Rabbin de Tunisie, sous les acclamations et les youyous. Amel Karboul s’était auparavant réjouie devant la presse que pour beaucoup de juifs ayant quitté la Tunisie, le pèlerinage de la Ghriba soit le moyen de « renouer avec leur identité tunisienne ».

Organisé chaque année au 33e jour de la Pâque juive, le pèlerinage de la Ghriba est au cœur des traditions des juifs de Tunisie, une communauté qui ne compte plus que quelque 1 500 âmes contre 100 000 avant l’indépendance en 1956.

Affluence en baisse

L’affluence reste toutefois loin des quelque 8 000 personnes qui se pressaient à la synagogue avant l’attentat-suicide au camion piégé de 2002, qui avait fait 21 morts dont une majorité de touristes allemands. Entre cette attaque et la révolution de janvier 2011 qui a fait tomber le régime du président Zine El Abidine Ben Ali, les festivités à la Ghriba attiraient en moyenne 3 000 personnes chaque année.

Les crises politiques à répétition et l’essor d’une mouvance jihadiste armée en 2012 et 2013 ont freiné l’affluence, qui s’est limitée à quelques centaines de visiteurs. La stabilisation relative du pays depuis janvier, avec le retrait du pouvoir des islamistes d’Ennahdha pour laisser la place à un cabinet d’indépendants, a toutefois relancé les réservations.

Jeune Afrique/AFP

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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