Pour la première fois les femmes en Arabie saoudite pourront voter et se présenter aux élections municipales de décembre.
Elles restent toutefois soumises à de nombreuses restrictions dans la vie quotidienne.
Assiste-t-on à une révolution en Arabie saoudite où pour la première fois les femmes sont autorisées à se présenter aux prochaines élections locales ? Dans ce royaume ultra-conservateur, elles ne peuvent sortir sans être couverte d’une abaya noire et le visage voilé.
Elles ont donc jusqu’à la mi-septembre pour se porter candidates pour les élections municipales de décembre, qui seront également le premier scrutin auquel elles pourront voter. Il désignera les deux tiers des membres des conseils municipaux tandis que le dernier tiers sera désigné par les autorités. On doit cette « évolution » au défunt roi Abdallah, mort le 23 janvier 2015, qui l’avait décidée en 2011, en affirmant à l’époque « refuser de marginaliser la femme dans la société saoudienne ».
De discrètes avancées sous le règne d’Abdallah
« Le roi était, de manière discrète, un grand défenseur des femmes », avait déclaré, à la surprise générale, Christine Lagarde, la présidente du Fonds monétaire internationale (FMI), lors de ses obsèques. De fait, il avait autorisé celles-ci à être aussi membres de l’assemblée consultative de la Choura, dont le rôle est de suggérer des lois. Leur nombre y est limité à 20 % et elles ne peuvent intervenir que dans des domaines considérés comme « féminins », tels la famille. En 2009, il avait désigné pour la première fois une femme ministre en charge de… l’éducation des femmes.
Sous son règne, deux Saoudiennes avaient été autorisées à participer aux Jeux olympiques, à condition de porter une « tenue islamique » et sous surveillance. Après la sortie en 2013 de Wadjda, film réalisé par une Saoudienne sur une fille rebelle, elles avaient eu la permission de faire du vélo. Enfin, dans le but de lutter contre l’obésité, un décret de 2014 rendait obligatoire l’éducation physique pour les filles à l’école.
« Avancées cosmétiques » jugent ceux qui soulignent que les femmes continuent de devoir demander la permission d’un homme, le père ou l’époux, avant de pouvoir se marier, voyager, accepter un travail salarié, subir une opération chirurgicale ou suivre des études supérieures.
Des Saoudiennes toujours privées de permis de conduire
Si elles sont exclues de certaines professions, elles peuvent toutefois, depuis 2012, exercer la fonction d’avocat, être vendeuses dans des magasins de vêtements, caissières ou dans des emplois dans la préparation des repas ou les parcs d’attractions, sans autorisation masculine. Mais, il leur est toujours interdit de conduire, malgré un mouvement de Saoudiennes dont certaines furent emprisonnées puis libérées, pour avoir bravé cette interdiction.
L’ONG des droits de l’homme, Human Rights Watch juge le feu vert au vote des Saoudiennes comme un « signe de progrès » qui reste toutefois « insuffisant pour intégrer totalement les femmes dans la vie politique saoudienne ».
Cette timide évolution pourrait bien s’arrêter là, car Salmane le roi actuel et successeur d’Abdallah est jugé proche des conservateurs du Royaume. Opposés au vote des femmes, ceux-ci ont créé sur Twitter un mot-clé sur « le danger de la participation des femmes aux élections municipales ».
Haro sur les femmes mal voilées à Téhéran
À Téhéran, la police routière sévira contre les femmes au volant qui prennent trop de liberté avec le voile. « Si une personne dans une voiture est mal voilée ou a enlevé son voile, le véhicule sera saisi conformément à la loi », a déclaré le général Teymour Hosseini. Depuis la révolution islamique de 1979, le port du foulard est obligatoire pour les Iraniennes comme les étrangères. Mais depuis le milieu des années 1990, il y a du relâchement dans la façon de le porter. Dans les quartiers riches du nord de Téhéran, certaines laissent dépasser largement leur chevelure quand d’autres laissent le foulard glisser sur leurs épaules.
La Croix