Les fils du dialogue se renouent entre Rome et l’université Al-Azhar. La prestigieuse université sunnite du Caire (Égypte) a reçu, mardi 3 décembre, Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot, secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Le prêtre espagnol a remis un message du président de cette instance, le cardinal français Jean-Louis Tauran. Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, a rendu compte le même jour d’une rencontre « très constructive ».
Nouvelle étape
Il s’agit d’une étape de plus vers un retour à la normale de relations qu’Al-Azhar avait gelées en 2011 à la suite d’un attentat contre une église d’Alexandrie, qui avait alors conduit Benoît XVI à appeler à protéger les chrétiens. Ceci avait irrité le régime égyptien et la plus haute autorité de l’islam sunnite.
Avant la visite du 3 décembre, le nouveau nonce apostolique en Égypte, Mgr. Jean-Paul Gobel, avait été reçu le 17 septembre par le grand imam de l’université, le cheikh Ahmed Al Tayyeb, à qui l’archevêque français avait remis un message personnel du pape François. Cette lettre elle-même répondait aux vœux que l’université cairote avait envoyés, le 9 juin, après l’élection du pape François, dans lesquels elle estimait que ses rapports avec le Vatican dépendaient « des gestes positif et sérieux qui doivent être posés pour démontrer clairement le respect de l’islam et des musulmans ».
Un symbole
Le nouveau pape a posé un tel geste de respect, en particulier à l’occasion du dernier Ramadan, à la fin duquel il avait adressé et signé lui-même un message aux musulmans du monde. Tout dernièrement, son Exhortation apostolique sur l’évangélisation montre aussi la priorité donnée au dialogue interreligieux, que le Vatican voudrait à terme réussir non plus seulement en bilatéral mais entre les trois grands monothéismes.
« Al-Azhar ne pouvait de toute façon pas rester isolée et devait sortir du problème qu’elle avait elle-même créé (en gelant le dialogue, NDLR.) », commente une haute source au Vatican, voyant dans la reprise de ce dialogue avant tout « un symbole ».
Le Vatican regrette que le dialogue avec l’islam, également poursuivi avec sa branche chiite, reste confiné entre élites. Rome voudrait qu’il se traduise dans les législations, par le respect de la liberté religieuse, et qu’il se concrétise dans les rapports avec les administrations des pays musulmans. Et surtout que le dialogue entre croyants descende « dans la rue ».
La Croix