L’ONG Portes Ouvertes, qui vient en aide aux chrétiens persécutés dans le monde, vient de publier son classement des 50 pays où les chrétiens sont le plus victimes d’oppressions et d’atteintes à leur liberté religieuse. Cet Index Mondial de Persécution 2014 dresse le tableau des multiples exactions subies par les minorités chrétiennes dans des pays comme l’éternelle Corée du Nord mais aussi la Syrie et la Centrafrique, secouées par de violentes guerres civiles.
Pour établir ce classement annuel, cinq sphères distinctes sont établies pour mesurer les pressions subies par les chrétiens, à savoir leur vie privée, familiale, sociale, civile, ecclésiale et les violences subies dans chaque pays. Les États se voient alors attribuer une note jusqu’à 100, le score maximum correspondant à une persécution maximale.
La Corée du Nord toujours en tête
L’Afrique « devient un champ de bataille pour l’Église », commente également l’ONG, qui indique la présence de 18 pays africains dans l’index. Les graves violences subies en 2013 par des chrétiens vivant dans des « pays musulmans ayant connu le Printemps arabe » comme en Egypte et « l’augmentation de la persécution dans les États dits ‘défaillants’ » tels la Somalie, deuxième du classement, sont également deux faits marquants de l’année 2013 mis en lumière par Portes Ouvertes.
Mais si une chose ne bouge pas dans ce classement, c’est la première place qu’occupe pour la 12e année consécutive la Corée du Nord, qui totalise 87 points sur 100. C’est dans ce pays que l’existence reste « la plus dangereuse et la plus précaire » pour les chrétiens.
La vie est également très difficile pour ceux vivant en Syrie (3e du classement), Irak (4e) et en Afghanistan (5e), marqués par une défaillance étatique tout comme en Arabie Saoudite et au Pakistan, respectivement 6e et 8e du classement.
Un « génocide confessionnel » craint en Centrafrique
En 2013, la Syrie est d’ailleurs le deuxième pays où les chrétiens ont subi le plus de violences, derrière la Centrafrique qui, minée par des violences entre chrétiens et musulmans, fait son entrée dans ce classement à la 16e position. Dans ce pays d’Afrique, « les responsables chrétiens ont tiré la sonnette d’alarme, parlant d’un risque de “génocide confessionnel” », s’inquiète Portes Ouvertes. Une situation dont nous notons que sont aussi victimes les musulmans qui, assimilés aux rebelles de la Séléka, sont pourchassés et tués par des milices chrétiennes (anti-balakas).
Le Pakistan se classe 3e en terme de violences contre les chrétiens. L’année passée a été marquée par « la pire attaque contre les chrétiens de son Histoire », lorsque « le 22 septembre 2013, 89 chrétiens ont été tués dans un double attentat suicide à la sortie de l’église catholique de Tous Les Saints (All Saints Church) à Peshawar », indique l’ONG. Derrière ce pays d’Asie, on retrouve l’Egypte, où les Coptes, la minorité chrétienne du pays, est trop souvent malmenée.
Au total, 2 123 assassinats de chrétiens ont été rapportés dans les médias entre le 1er novembre 2012 et le 31 octobre 2013, soit bien plus qu’en 2012 où ce nombre s’élevait à 1 201. Beaucoup ont été tués sur le continent africain.
« L’islamisme radical », principal source des persécutions
L’organisation, dans le cadre d’un travail minutieux, n’a pas pointé du doigt la religion musulmane. Mais l’utilisation sans nuance du terme « islamisme », tant il recouvre bien des définitions selon les usages, est inopportun dans la mesure où il est souvent source d’amalgames entre terrorisme, extrémisme et islam. Par ailleurs, en raison de sa « prévalence », l’ONG opte pour le choix de différencier « l’islamisme radical » dont le but est d’« incorporer de gré ou de force le pays dans la « Maison de l’islam » » et « l’activisme religieux » qui consiste à « soumettre la nation entière à une religion » comme l’hindouisme, le bouddhisme ou le judaïsme orthodoxe. En tout cas, et sans qu’il y ait besoin de distinguer, la religion n’est qu’un très mauvais alibi pour les groupes extrémistes pour justifier des persécutions contre les minorités.
D’ailleurs, les groupes qui maltraitent les chrétiens restent issus de communautés très diverses à travers le monde, note l’index. Ainsi, « l’importante Église indienne reste la proie d’un niveau de violence intense (l’Inde a légèrement grimpé à la 28e place) de la part non seulement des intégristes hindous mais également des rebelles maoïstes ». Et, le Sri Lanka refait, lui, son entrée dans le classement à la 29e place suite à une forte augmentation des violences contre les minorités, dont les chrétiens, orchestrées par un mouvement nationaliste bouddhiste.
La liberté religieuse, un droit fondamental bafoué
« Si les actes violents attirent particulièrement l’attention, en réalité, les pressions quotidiennes sont la cause majeure et la forme de persécution dont souffrent le plus les chrétiens », fait savoir Portes Ouvertes, qui pointe notamment du doigt le « laïcisme intolérant » de certains régimes.
La falsification de la religion ainsi que de la laïcité, qui prend diverses formes dans le monde, peut bien être utilisée contre d’autres minorités religieuses – la France n’étant pas exempte de critiques sur ce point – occultant alors le droit fondamental à la liberté religieuse pourtant inscrite dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Saphirnews