Vive émotion dans la communauté catholique

Après l’intrusion violente des Femen dans l’église de la Madeleine (Paris, 8e) le 20 décembre, les dégradations commises samedi après-midi par un homme dans l’église Sainte-Odile (Paris 17e) ont suscité de très vives réactions des catholiques sur les réseaux sociaux.

Samedi 4 janvier en milieu de journée, « un homme a cassé des chandeliers, une statue, ouvert le baptistère et endommagé l’autel » de cette église située dans le 17e arrondissement, dans le nord-ouest de la capitale, a déclaré à l’AFP le diocèse de Paris. Cet homme avait d’abord assisté à une messe et s’était fait remarquer en « s’esclaffant en pleine célébration », a précisé l’adjoint au maire de l’arrondissement chargé de la sécurité, Geoffroy Boulard, qui s’est rendu sur place.

Des paroissiens l’ont surpris pendant ces dégradations et l’ont pris en chasse mais l’homme, qui n’a rien dit de ses motivations, a réussi à s’enfuir. Après la plainte déposée par le curé, le P. Christian Malcor, et l’ouverture d’une enquête, la police a arrêté un suspect le lendemain.

Libérer le passage à l’acte ?

Nombreux étaient les catholiques à s’indigner sur les réseaux sociaux de l’absence de réactions du ministre de l’intérieur et des cultes, Manuel Valls. Beaucoup opéraient également un rapprochement avec les agissements répétés des Femen dans plusieurs églises de la capitale – mimant un avortement récemment dans l’église de la Madeleine – se demandant dans quelle mesure ceux-ci avaient pu « libérer le passage à l’acte » d’autres individus.

Dans l’après-midi, Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris, a dit « condamner avec la plus grande fermeté [ces] actes de profanation ». Dans un communiqué, elle a rappelé que « notre République repose sur le respect de la liberté de foi et de l’exercice du culte. Porter atteinte à cette liberté fondamentale est inacceptable ». La Ligue de défense juive a elle-aussi condamné « la profanation de l’église » sur son compte Twitter.

Silence des défenseurs de la laïcité

Dans son entretien hebdomadaire sur Radio Notre-Dame diffusé le vendredi 3 janvier, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a évoqué l’intrusion d’une Femen dans l’église de la Madeleine le 20 décembre dernier.

« Je n’ai pas voulu réagir prématurément car cette agitation a pour but de faire du buzz, a-t-il expliqué. C’est évidemment le but des Femen. On a porté plainte, la préfecture de police fait son travail. On a eu quelques messages, celui du maire de Paris, de Mme Kosciusko-Morizet, de Mme Hidalgo… Mais je suis étonné que les grands défenseurs de la laïcité ne se soient pas manifestés car c’était le moment de montrer que la laïcité est la protectrice des croyances et des religions ! Il y a des voix importantes qui sont restées muettes ! On apprécierait qu’il y ait, sinon de grandes démonstrations publiques, au moins des signes de désapprobation clairs. Je suis surpris qu’on ait si peu de signes. »

Dénonçant vigoureusement la diffusion d’un message antisémite par l’humoriste Dieudonné, l’archevêque de Paris dit voir dans ces provocations « le symptôme d’une société dans laquelle on ne tient plus les seuils de protection, protection de l’identité propre de chacun », avant de citer la « très belle réflexion » du pasteur Martin Niemöller, interné en camp de concentration de 1937 à 1945.

« Quand ils ont arrêté les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont arrêté les socialistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas socialiste. Quand ils ont arrêté les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif. Quand ils ont arrêté les catholiques, je n’ai pas protesté, je n’étais pas catholique. Et quand ils sont venus m’arrêter, il n’y avait plus personne pour protester ».

 

La Croix

 

F. Achouri

Sociologue.

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