Les dossiers relatifs aux discours de haine (incitation à la haine et délits de haine) ont représenté l’an dernier près de 30% du total des dossiers ouverts par Unia, le centre pour l’égalité des chances. Il s’agit d’une proportion record, selon Unia.
« Le racisme, l’homophobie, le rejet de l’autre s’expriment aujourd’hui davantage et plus librement dans l’espace public », constate Unia. Depuis 2010, les dossiers liés à l’incitation à la haine et les délits de haine (autrement dit les délits inspirés par la haine d’un groupe caractérisé par son origine, sa religion, son orientation sexuelle, etc.) sont en augmentation constante. En 2015, Unia a enregistré 404 dossiers « incitation », contre 338 en 2010.
Les principaux critères de discrimination étaient les critères raciaux (38% des dossiers contre 42% en 2014), le handicap (22% contre 20% en 2014) et les convictions religieuses ou philosophiques (19% contre 16% en 2014). Les dossiers ouverts en raison de l’orientation sexuelle représentent 5% de l’ensemble.
Si les discours pour critères raciaux se stabilisent ces cinq dernières années, le centre observe un glissement vers les convictions religieuses puisqu’on est passé de 185 dossiers en 2010 à 330 dossiers en 2015, soit une hausse de 78%. Nonante-trois pour-cent de ces dossiers concernent des personnes de confession musulmane.
« Les attentats en France et l’augmentation des demandes d’asile n’ont pas eu pour effet une augmentation massive des signalements relatifs à des comportements racistes, de part et d’autre. Mais nous avons dû ouvrir des dossiers sur des faits particulièrement graves. Les insultes ont fait place aux menaces de mort, des agressions sont commises, sur des lieux de culte mais aussi en rue ou dans des cafés, les relations avec la police sont tendues… », analyse Patrick Charlier, directeur d’Unia. « Le niveau de vigilance doit être relevé par rapport au vivre-ensemble, et pas uniquement par rapport au phénomène de radicalisme religieux », ajoute-t-il.
Toutes matières confondues, Unia a été sollicité 4.554 fois en 2015, ce qui a mené à l’ouverture de 1.596 dossiers contre 1.670 en 2014. C’est à Anvers (231 dossiers soit 19%) qu’ont été ouverts le plus de dossiers, devant Bruxelles (199, soit 16%), la Flandre occidentale (174, soit 14%) et le Brabant flamand (147, soit 12%).
Par secteur, 383 dossiers, soit 24% de l’ensemble, concernent les biens et services. Il s’agit en grande partie de dossiers liés à de la discrimination dans le logement, les transports et les banques et assurances. Un autre quart des dossiers concerne les médias (365 dossiers). Il s’agit essentiellement de dossiers liés à internet (91%). Trois cent quarante-et-un autres dossiers concernent le secteur de l’emploi (soit 21%). Les secteurs « enseignement » et « vie en société » sont en augmentation, avec respectivement 169 et 154 dossiers.
Le Vif.be