Les écoliers hindous portent un uniforme safran et les musulmans un uniforme vert. Voici la mesure qui a été adoptée dans deux nouvelles écoles publiques d’Ahmedabad, sixième plus grande ville d’Inde, au Nord Ouest du pays. Les enfants des 454 autres écoles municipales sont pourtant tous habillés d’un uniforme bleu et blanc.
– Les étudiants de l’école municipale publique Shahpur. (Source: IE photo by Javed Raja)
L’école publique Shahpur compte 95 % d’écoliers hindous qui viennent à l’école habillés d’un T-shirt safran. Une couleur sacrée de l’Hindouisme et symbole du Bharatiya Janata Party (BJP), parti du premier ministre Narendra Modi, au pouvoir en Inde. A l’opposé, l’école publique Dani Limda possède une majorité de musulmans (98%). Ils doivent chaque matin se rendre à l’école habillés d’un uniforme vert, couleur de l’islam. La relation entre couleur d’uniforme et religion semble évidente, pourtant les autorités s’en défendent.
Les uniformes safrans de Sharpur ont été financés dès sa création en juin 2013 par une organisation sociale. Elément troublant ? Son directeur, Atul Bhavsar, est un ancien leader local du parti de droite nationaliste hindou, le BJP.
Six mois après sa création, l’école de Dani Limda a reçu l’obligation d’acheter des uniformes verts pour ses élèves. Leur financement a été problématique, il n’y a eu aucune subvention de l’état. L’école a finalement du faire appel à des donateurs locaux, dont deux professeurs musulmans.
« La sélection du vert pour l’école publique de la Dani Limda n’a rien à voir avec la communauté. Nous avions d’autres options comme par exemple, le rose. Mais finalement, nous avons choisi le vert » a affirmé le directeur des écoles municipales d’Ahmedabad, Jadish Bhavsar. Il précise que cette décision n’a pas pour but de porter préjudice à une communauté ou de privilégier l’autre. Difficile à croire cependant quand on sait que Jadish Bashar est aussi membre de l’organisation sociale qui a financé les uniformes safrans hindous.
Ahmedabad se trouve dans la région du Gujarat au nord ouest de l’Inde. Une zone traversée par de vives tensions entre hindous et musulmans en 2002. Pour l’instant, aucune tension n’a été constatée dans la population, mais la télévision indienne s’interroge sur les raisons de cette mesure, qui pourrait renforcer les clivages entre les deux communautés religieuses.
Francetvinfo