F. Achouri La campagne « Abandon Biden » est terminée, place désormais à « Abandon Harris ». Après quelques semaines de réflexion, des leaders musulmans américains et leurs alliés ont annoncé, vendredi 23 août, la relance de leur campagne nationale afin d’empêcher l’élection de Kamala Harris en novembre 2024.
« (Abandon Harris) intensifie ses efforts dans les États clés pour rallier les musulmans américains et leurs alliés contre le ticket (présidentiel) Harris-Walz. Cette action est une réponse directe au soutien de Kamala Harris au génocide en cours à Gaza », martèle le mouvement dans un communiqué en date du mardi 27 août, quelques jours après l’investiture démocrate de l’actuelle vice-présidente lors d’une convention nationale du parti à Chicago.
La rupture avec l’establishment démocrate consommée
Ce rendez-vous politique majeur, les défenseurs américains des droits des Palestiniens l’ont suivi avec grande attention afin d’évaluer l’engagement de Kamala Harris contre la guerre à Gaza. En s’inscrivant dans la continuité de l’action menée par Joe Biden sur le sujet, la candidate a convaincu qu’elle ne pouvait en aucun cas être leur championne. « Il est désormais temps de parvenir à un accord sur les otages et un cessez-le-feu. Et je tiens à être claire : je défendrai toujours le droit d’Israël à se défendre et je veillerai toujours à ce qu’Israël ait la capacité de se défendre », avait déclaré la vice-présidente devant ses partisans, signant ainsi le soutien constant des Etats-Unis envers le gouvernement israélien malgré les mois d’une offensive ayant tué plus de 40 000 personnes à Gaza.
Des délégués démocrates non-engagés (uncommited) représentant quelque 750 000 participants aux primaires démocrates ont cherché à obtenir un temps de parole à la tribune pour sensibiliser l’auditoire à la cause palestinienne, ce qui leur a été refusé, ajoutant de la colère à la déception. C’est d’ailleurs cette raison qui a achevé de convaincre Muslim Women for Harris (Femmes musulmanes pour Harris) de retirer son soutien à la candidate. « La famille de l’otage israélien présente à la tribune (…) a montré plus d’empathie envers les Américains d’origine palestinienne et les Palestiniens que notre candidate ou la Convention nationale démocrate », a indiqué le collectif. « C’est un message terrible à envoyer aux Démocrates. Les Palestiniens ont le droit de parler de la Palestine. »
« Nous ne sommes pas intéressés par une rhétorique creuse (…) ou par des appels superficiels à un cessez-le-feu alors que l’administration Biden-Harris continue d’envoyer des armes à Israël, permettant ainsi le massacre aveugle des Palestiniens à Gaza et alimentant un conflit régional plus large. Les mots sans action significative n’ont aucun sens, et la complicité constante dans ces atrocités ne sera pas tolérée », a fait savoir, pour sa part, Abandon Harris pour expliquer sa décision de ne pas se rallier à la candidate.
Un soutien à l’émergence de candidats indépendants
Alors que le bipartisme domine très largement l’espace politique américain, les chances de voir des candidats indépendants ou issus de petits partis percer à l’élection présidentielle sont des plus infimes. Peu importe pour les initiateurs du mouvement. Entre Kamala Harris et Donald Trump, ils refusent de choisir mais ils ne prônent pas pour autant l’abstention. Ils appellent plutôt à soutenir des candidatures qui n’aient l’assentiment ni des Républicains, ni des Démocrates, et qui appuient les revendications de la campagne. Figurent, entre autres, l’arrêt immédiat de l’ensemble des livraisons d’armes à Israël, la cessation de tout financement servant à « assassiner des Palestiniens » et la reconnaissance de l’Etat de Palestine.
« Abandon Harris appelle les personnes de conscience à travers les États-Unis à éviter de tomber dans le piège complaisant de l’abstention lors des élections de 2024. (…) Nous exhortons ceux qui valorisent la moralité, la conscience et les principes à voter contre le génocide et à soutenir les candidats tiers afin de montrer clairement que nous rejetons tout parti qui participe au génocide ou le soutient, ainsi que tout parti qui cherche à « finir le travail » », indique le mouvement. « À l’heure actuelle, nous n’avons pas émis de soutien à un candidat tiers en particulier. Si et quand cela changera, nous l’annoncerons. »
« Ils nous présentent comme « des électeurs à problème unique » alors que c’est tout à fait faux. Le génocide est un problème intersectionnel qui englobe pratiquement tous les problèmes de justice sociale auxquels vous pouvez penser. Si votre activisme s’arrête aux frontières des États-Unis ou n’inclut pas les personnes qui ne partagent pas votre identité, dans quelle mesure votre soi-disant activisme est-il intersectionnel, fondé sur des principes et « progressiste » ? », s’interroge le mouvement sur ses réseaux sociaux en réponse à ses détracteurs l’accusant de ne s’intéresser qu’à la question palestinienne.
Et de conclure de façon très tranchée dans leur communiqué : « Abandon Biden, maintenant Abandon Harris, ne cédera pas d’un pouce. Nous restons fermes et inébranlables dans nos convictions et notre mission de veiller à ce que le parti qui soutient, finance et permet actuellement le génocide par Israël des Palestiniens à Gaza soit vaincu aux urnes. »
Saphirnews.
