Al-Azhar alerte sur les injustices découlant de la pratique de la polygamie

Les propos prêtés au grand imam d’Al-Azhar, Ahmed Al-Tayyeb, sur la polygamie ont fait grand bruit en Egypte et par-delà ses frontières. Mais est-il allé jusqu’à suggérer d’interdire purement et simplement cette pratique permise en Egypte et par la tradition islamique (sous de strictes conditions) ?

Retour sur les propos. « Les femmes représentent la moitié de la société. Si l’on ne prend pas soin d’elles, c’est comme si l’on marchait sur un seul pied », a déclaré ce haut dignitaire religieux lors d’une émission télévisée sur une chaîne égyptienne vendredi 1er mars.

Il a ainsi affirmé que la polygamie, telle que pratiquée, est « souvent une injustice envers la femme et les enfants » et que ceci résulte d’une « incompréhension du Coran et de la tradition du Prophète ».

 

« La polygamie doit obéir à des conditions d’équité »

 

Le grand imam ne s’est pas contenté de ces déclarations mais certains ont cependant compris qu’Al-Azhar appelait à une interdiction formelle de la polygamie. En réponse au début de polémique engendrée par l’incompréhension des propos de son grand imam, l’institution a apporté plus d’explications, samedi 2 mars, en indiquant que le droit à la polygamie n’est pas remise en question dans l’absolu.

Lors de l’émission en question, Ahmed al-Tayyeb a insisté sur une bonne compréhension de l’intégralité du verset qui traite la question de la polygamie dans le Coran. Il a ainsi interpellé les Egyptiens à « bien lire ce qui vient avant et après » les textes sur la polygamie. C’est en ce sens qu’il a rappelé les conditions qui sous-tendent cette pratique.

« La polygamie doit obéir à des conditions d’équité et, s’il n’y a pas d’équité, il est interdit d’avoir plusieurs épouses », a expliqué le grand imam. Pour appuyer ses propos, il s’est référé à un passage du Coran stipulant que « si vous craignez de n’être pas justes avec celles-ci, alors n’en épousez qu’une seule ».

En islam, les règles qui permettent à un homme de se marier à quatre femmes sont en effet très strictes : il doit obtenir l’autorisation de la première épouse avant d’en épouser d’autres et doit garantir l’equité totale pour chaque femme, jusqu’à quatre au maximum. Autrement, la polygamie est interdite. Mais, dans les faits, de nombreuses injustices sont commises envers les femmes au nom d’une pratique mal comprise ou devoyée.

Le Conseil national de la femme, par la voix de sa présidente Maya Morsi, figure parmi celles et ceux qui ont félicité les propos du grand imam. « La religion musulmane a fait honneur à la femme, lui a rendu justice et lui a accordé de nombreux droits qui n’existaient pas auparavant », a-t-elle fait savoir.

Saphirnews

F. Achouri

Sociologue.

Nos services s'adressent notamment aux organisations publiques et privées désireuses de mieux comprendre leur environnement.

Articles recommandés