Un influent conseiller du grand imam de la mosquée Al-Azhar du Caire a appelé à la réouverture du dialogue avec le Vatican. Selon lui, le nouveau pape François doit « faire un pas en avant » vers les musulmans.
Deux ans après la rupture de leurs relations, l’heure est au réchauffement entre le Vatican et Al-Azhar, la plus haute institution d’enseignement de l’islam sunnite.
Dans un entretien accordé au quotidien italien Il Messagero, Mahmoud Abdel Gawad, le conseiller diplomatique du grand imam de la mosquée d’Al-Azhar, Ahmed Al-Tayeb, a déclaré qu’il attendait « un pas en avant » du nouveau pape François, assurant que l’islam sunnite serait prêt à une réouverture du dialogue avec le Vatican.
De son côté, le conseiller de l’imam, rencontré au Caire, a cité comme pas en avant possible « une intervention où il dirait que l’Islam est une religion pacifique, que les musulmans ne cherchent ni la guerre ni la violence, ce serait en soit déjà un progrès ». Selon Mahmoud Abdel Gawad, l’occasion pourrait être le mois de Ramadan (jeûne musulman) qui commencera aux alentours du 9 juillet : « c’est la tradition que les souverains pontifes écrivent un message au grand imam, ce sera au pape François de trouver les mots justes ».
Les portes d’Al-Azhar « sont ouvertes »
« Les problèmes que nous avons eus n’étaient pas avec le Vatican mais avec l’ex-pape, maintenant les portes d’Al-Azhar sont ouvertes », a précisé le conseiller. L’émissaire diplomatique a rappelé qu’après l’élection du pape François le 13 mars, le grand imam lui avait envoyé un télégramme de félicitations. « Dans le langage diplomatique, cela signifie que les canaux (de communication) sont ouverts », a-t-il décrypté.
La cérémonie traditionnelle du lavement des pieds que le pape François avait célébrée en mars dans une prison de Rome, avant lui-même ceux d’une jeune détenue musulmane était « un geste qui a été très très apprécié » à Al-Azhar, a ajouté Mahmoud Abdel Gawad.
Si le pape François devait accepter l’invitation du patriarche copte orthodoxe d’Alexandrie Tawadros II à se rendre en Egypte, il pourrait aussi aller à Al-Azhar. « À ce moment-là, les relations, le dialogue, tout reprendrait immédiatement », a affirmé le conseiller diplomatique. En revanche, Mahmoud Abdel Gawad a exclu la possibilité d’un dialogue entre les dirigeants des trois religions monothéistes, évoquée notamment en Israël. Selon lui, Al-Azhar « ne participera à aucune rencontre avec les Israéliens ».
La controverse Benoît XVI
En septembre 2006, Benoît XVI avait suscité une énorme controverse avec un discours prononcé à l’université de Ratisbonne, où il avait affirmé que la pensée chrétienne faisait plus de place à la « raison » que la religion de Mahomet et avait semblé avancer que l’Islam était intrinsèquement lié à la violence. Ces déclarations avaient provoqué une vague d’indignation dans le monde musulman et des manifestations parfois violentes.
Le dialogue avait repris en 2009 mais avait de nouveau été interrompu par Al-Azhar en 2011 quand Benoît XVI avait appelé à protéger les minorités chrétiennes après un attentat à la bombe contre une église à Alexandrie.
Source : Jeune Afrique- AFP