Pour la toute première fois, une équipe de recherche internationale a créé des embryons chimères composés à la fois de cellules de singes et d’humains. Si l’expérience relance le débat sur l’éthique des manipulations génétiques, notons qu’elle a été couronnée de succès. Elle vise à aider les scientifiques à trouver de nouvelles façons de cultiver des organes destinés à des greffes humaines, rapportait NPR le 15 avril.
Le projet est parti d’un constat simple. Trouver des organes disponibles pour la transplantation devient de plus en plus difficile chaque année, en France comme dans le reste du monde. En utilisant les cellules-souches, les scientifiques cherchent donc une alternative. En combinant des cellules humaines et animales de porcs et de moutons, ils espèrent faire pousser des organes humains chez ces animaux.
Dans l’expérience, les scientifiques ont injecté 25 « cellules-souches pluripotentes induites » d’humains dans 132 embryons de macaques âgés de six jours. De fait, ces primates sont bien plus proches de nous génétiquement que les moutons et les porcs. Après dix jours, 103 embryons chimériques se sont formés. Au jour 19, cependant, il ne restait que trois chimères vivantes – et elles ont ensuite été arrêtées.
« Ces connaissances nous permettront de revenir en arrière et d’essayer de repenser ces voies qui permettent un développement approprié des cellules humaines chez ces autres animaux », a déclaré Juan Carlos Izpisua Belmonte, professeur de génétique à l’Institut Salk en sciences biologiques, en Californie, et coauteur de l’étude. «Notre objectif n’est pas de générer un nouvel organisme, ni un monstre », a ajouté le chercheur. « Et nous ne faisons rien de tel. Nous essayons de comprendre comment les cellules de différents organismes communiquent entre elles. »
D’après les chercheur.euse.s, le fait d’avoir vu des cellules humaines croître à un rythme aussi élevé pourrait être une percée. Mais malgré ce succès scientifique, la recherche soulève un certain nombre de questions éthiques. En effet, une expérience chinoise en 2019 avait permis de créer des chimères porc-macaque, mais ces derniers étaient morts une semaine après leur naissance.
Dans le cas de l’utilisation de cellules humaines, les limites à ne pas dépasser sont donc encore à fixer. Quant à la question de savoir s’il est éthique d’utiliser des animaux pour « cultiver » des organes à destination des humains, les scientifiques ont visiblement déjà répondu.
NPR