Des mosquées rhodaniennes s’insurgent des fermetures inexpliquées de comptes bancaires visant les mosquées en construction et leurs bienfaiteurs. Elles interpellent le président Emmanuel Macron pour en finir avec ce qu’elles nomment « l’apartheid bancaire ».
Le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) crie son ras-le-bol. L’instance, présidée par le recteur de la Grande Mosquée de Lyon Kamel Kabtane, a dénoncé, lundi 6 juin, « l’apartheid bancaire qui vise les institutions musulmanes de France et leurs bienfaiteurs ».
Le terme « apartheid » est fort. Trop même. Mais le CMR assume ce choix, souhaitant sensibiliser la classe politique et le gouvernement en particulier d’un problème récurrent qui dure depuis bien longtemps. Ainsi, et ce, « depuis quelques années », « des dizaines de mosquées en pleine construction (ou extension) ont subi la fermeture de leurs comptes bancaires », mettant à mal les projets. « Des fermetures massives de comptes bancaires de particuliers ayant participé à la construction de mosquées ont été observées récemment dans les filiales de certaines banques, sans justification aucune », dénonce aussi le CMR, inquiète de « ces pratiques discriminatoires qui visent particulièrement les institutions musulmanes ainsi que leurs bienfaiteurs et parfois leurs proches ».
Le porte-parole du CMR, Azzedine Gaci, s’était récemment emporté sur les réseaux sociaux contre la BNP. Celle-ci a été accusée d’avoir fermé sans explications le compte bancaire d’un homme ayant fait un don de 10 000 € à une mosquée en construction dans la métropole de Lyon. Elle aurait également fermé ceux de son père, de son frère, de sa soeur et de son oncle, soit au total cinq comptes.
Une interpellation lancée au chef de l’Etat
A l’occasion de la séance inaugurale du Forum de l’islam de France (FORIF) en février, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, « s’était engagé à prendre toutes les dispositions nécessaires pour interdire ces fermetures injustifiées et rétablir le droit inaliénable de disposer d’un compte en banque pour tout citoyen français », selon le recteur de la mosquée de Villeurbanne. Seulement, « rien n’a été fait, malheureusement ».
« On ne peut pas continuer à mettre les Français musulmans au ban de la société et, en même temps, les taxer de séparatisme », fait-on savoir.
Le CMR, qui avait déjà alerté d’une telle situation en novembre 2021, lance un appel au président de la République, « garant des droits fondamentaux de tous les Français pour que cesse cette ignominie juridique qui prive des institutions cultuelles et des citoyens français de leurs droits fondamentaux ».