Fabius : Le vote suisse sur l’immigration est une « mauvaise nouvelle pour l’Europe »

Le vote suisse en faveur d’une limitation de l’immigration est une mauvaise nouvelle pour l’Europe, a regretté lundi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui a souligné que l’Union européenne allait devoir réviser ses relations avec la Suisse. « C’est une mauvaise nouvelle à mon avis à la fois pour l’Europe et pour les suisses, parce que la Suisse refermée sur elle-même, ça va les pénaliser », a déclaré le ministre à la radio RTL. « On va revoir nos relations avec la Suisse », après cette décision des suisses d’introduire des quotas d’immigration, a-t-il ajouté.

De son coté, l’ancien Premier ministre français François Fillon (UMP) a jugé lundi « parfaitement naturel » que la Suisse veuille réduire le nombre d’étrangers sur son territoire, qui doit être modulé en fonction de la capacité à les intégrer. Interrogé par BFMTV et RMC sur la votation suisse dimanche en faveur d’une limitation de l’immigration, le député a appelé à distinguer le sort des milliers de frontaliers qui entrent chaque jour dans ce pays: « Il serait totalement incompréhensible que la Suisse mette une barrière à l’accès de ces frontaliers, dans la mesure où elle vit dans un ensemble économique qui a ses propres règles ». « En revanche, qu’elle veuille réduire globalement le nombre d’étrangers sur son territoire, c’est une revendication parfaitement naturelle », a dit M. Fillon.

L’argument est « non pas la défense de l’emploi », mais « l’intégration », a-t-il poursuivi. « Je propose depuis des mois que la France ou l’Europe – les deux peuvent être possibles – adoptent le même système », a dit M. Fillon. Il s’agirait de « décider chaque année, en fonction de la capacité d’intégration du pays – son économie, les logements disponibles, la capacité d’accueil des services publics, les écoles, etc – combien de personnes extérieures on peut accueillir ».

Pour lui, « ce qui a fait la force de la France », l’intégration accompagnée d’une « adhésion au projet républicain, s’est cassé en raison du nombre ». « Il y a un problème de surcapacité, un blocage de l’intégration lié au nombre » d’étrangers accueillis, selon lui.

Les électeurs suisses ont dit « oui » dimanche, à une courte majorité de 50,3%, à une limitation de l’immigration, ce qui est vécu par la classe politique nationale comme un coup de tonnerre et un désaveu mais surtout comme un saut dans l’inconnu pour les relations de la Suisse avec l’Europe.
Le référendum, intitulé « contre l’immigration de masse », a été organisé à l’initiative du parti UDC (droite populiste), excédé par la forte hausse du nombre des immigrés ces dernières années depuis l’adhésion de la Suisse à la libre circulation dans l’Europe, appliquée depuis 2002.

 

L’ Orient Le Jour/ AFP

 

F. Achouri

Sociologue.

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