Ogyen Trinley Dorje, considéré comme un successeur potentiel du dalaï-lama, est accusé d’être lié à la découverte d’un million de dollars dans un monastère.
Un moine tibétain, considéré comme un successeur potentiel du dalaï-lama, va être poursuivi pour blanchiment d’argent en Inde, a annoncé jeudi la police.
Un juge de la Haute Cour de l’État de l’Himachal Pradesh (nord) a ordonné mercredi de rouvrir une enquête criminelle contre Ogyen Trinley Dorje, consécutive à la découverte d’environ un million de dollars en devises étrangères lors d’une descente de police dans un monastère bouddhiste il y a quatre ans. Des poursuites pour complot criminel avaient été ouvertes contre lui à la suite de cette perquisition, mais un tribunal avait ordonné l’abandon de ces poursuites en 2012, une décision qui a été renversée mercredi en appel. « La décision contestée du 21 mai 2012, prise par le magistrat d’Una, est annulée », a dit le juge Sureshwar Thakur dans un jugement consulté par l’AFP.
Le chef de la police locale Anupam Sharma a confirmé avoir entamé la réouverture de l’enquête. « Nous avons déjà déposé un procès-verbal d’accusation contre lui auprès du tribunal », a dit Sharma à l’AFP, ce qui signifie que la police a déposé un résumé des indices visant le suspect auprès du tribunal. La police avait perquisitionné en janvier 2011 le monastère, situé dans la ville de Dharamshala dans l’Himalaya, retrouvant des billets de 26 devises différentes, et en particulier des yuans chinois pour un montant de plus de 100 000 dollars.
Le 17e karmapa de l’école Karma Kagyu
Cette descente avait été décidée après l’interception de deux personnes transportant d’importantes sommes d’argent liquide dans une voiture. Les deux hommes avaient assuré que l’argent était destiné à une transaction foncière impliquant un trust dirigé par Trinley. Trinley a démenti toute malversation et a expliqué que l’argent liquide provenait de dons de fidèles accumulés sur plusieurs années et a dit n’avoir aucun rôle dans la transaction foncière.
Le moine, qui porte le titre de karmapa, est considéré comme le 17e karmapa de l’école Karma Kagyu, l’une des quatre principales écoles du bouddhisme tibétain. Il a fui le Tibet à 14 ans à la fin des années 1990, atteignant l’Inde après un parcours de huit jours à pied et à cheval dans l’Himalaya. Il a principalement vécu au monastère de Gyuto à Dharamshala, ville qui abrite le siège du gouvernement tibétain en exil. Trinley est reconnu à la fois par la Chine et le dalaï-lama comme la réincarnation du Karmapa Lama, le chef de la lignée Karma Kagyu. Il est considéré comme l’un des favoris parmi les jeunes lamas à pouvoir succéder au dalaï-lama, qui vient de fêter ses 80 ans. Son porte-parole, Kunzang Chungyalpa, a déclaré que Trinley faisait confiance au système judiciaire indien. « Il est persuadé que la vérité prévaudra in fine », a-t-il dit à l’AFP.
AFP