Que les femmes cherchent à s’habiller comme elles veulent, c’est une réalité de tous les temps et de tous les pays. Les hommes n’en peuvent mais, ni les femmes d’ailleurs. Les gouvernements, au vingt et unième siècle, sont tout autant impuissants. Certes, à chaque époque, des convenances et des usages sont à respecter. Mais les femmes les contournent avec habileté, dans le souci éternel de plaire, d’être à la mode, voire de la changer.
La fatwa d’Elisabeth Badinter sur le voile n’est ni réaliste ni pertinente. Certes il existe une pression salafiste, parfois brutale, pour obliger les femmes à avoir la tête couverte. La plupart des religions ont, à un moment ou à un autre, contraint les femmes, au nom de la décence, à respecter une norme vestimentaire. On peut le regretter, sans pour autant partir en guerre. Lorsque j’étais jeune étudiant, ma voisine, en propédeutique, avait le chef couvert d’une cornette. Cela laissait indifférent un auditoire étudiant, concentré sur les subtilités du matérialisme dialectique.
Cette pression ne doit pas cacher un autre phénomène : il existe un nombre significatif de jeunes musulmanes, qui affirment leur identité par un signe distinctif, le voile, tout en se battant pour leur émancipation (Cf. : enquête de Golfe Nilufer dans plusieurs pays européens, 2009/2013). Dans un amphi, jeunes étudiantes voilées et jeunes étudiantes dévoilées, adolescentes maquillées ou non se côtoient sans problèmes apparents. Certaines jeunes filles voilées sont élégantes, comme le sont de nombreuses Iraniennes, et certaines voilées fagotées. Cette appréciation sera sûrement jugée intolérable par des féministes. Beaucoup de ces jeunes « voilées » aspirent à un métier et à la libération de la femme.
Des interdits aussi limités que possible
En ce qui concerne le vêtement, dans une société individualiste, les interdits doivent être aussi limités que possible et correspondre à des objectifs précis, la décence- la nudité complète est en l’état des mœurs jugée répréhensible- et la possibilité d’échanger avec son voisin, ce qui exclut le niqab.
Bien évidemment, les industriels et commerçants ne suivront pas la fatwa mais leurs clients. Renouvelons des propos machistes en souhaitant qu’abayas et hijabs soient aussi gracieux que possible. Faisons confiance à nos créateurs et à leur capacité à contourner les contraintes, voire à tricher un peu. Nos grands parents n’étaient-ils pas séduits par des femmes en robe longue chapeautées aux formes floues ?
De nombreuses pratiques incompatibles avec nos valeurs
Puissent nos intellectuelles et notre Premier Ministre centrer la lutte nécessaire contre le Salafisme sur ce qui en vaut la peine. Les pratiques incompatibles avec nos valeurs et en particulier l’égalité entre les hommes et les femmes sont malheureusement légion : refus de serrer la main à une femme, d’être commandé ou soigné par une femme, refus de la mixité dans certaines activités scolaires et parascolaires, mariages forcés…
Entreprises, institutions publiques et privées doivent être informées et préparées concrètement à refuser et empêcher tout ce qui tend à exclure les musulmans de la société française, un des objectifs du salafisme, à en faire un monde séparé.
Puissent nos universitaires développer leurs travaux de recherche sur le salafisme et les médias les diffuser.
Puissent les initiatives des musulmans non salafistes et particulièrement des musulmanes être facilitées et appuyées.
Puissent les pouvoirs publics, Premier Ministre compris, prendre des initiatives précises, en excluant le commentaire généralisateur et dogmatique. La sobriété s’impose d’autant plus que notre gouvernement est l’allié indéfectible de l’Arabie Saoudite, d’où vient tout le mal.
Et qu’ils laissent les Françaises se promener tête nue ou couverte.
La Tribune