Tentes trempées, froid glacial… A Gaza, les abris de fortune à nouveau inondés après de fortes pluies

Dans le territoire palestinien, où 1,5 million de Gazaouis auraient perdu leur maison, les abris de fortune des réfugiés ont été trempés par les eaux. La Défense civile a averti de l’imminence d’une « nouvelle dépression ».

De fortes pluies se sont abattues sur la bande de Gaza ces derniers jours, et des centaines de milliers de Palestiniens déplacés se sont réveillés désemparés ce dimanche 28 décembre, dans le territoire ravagé par la guerre.

Des images de l’AFP, filmées dimanche dans la ville de Gaza, montrent des tentes plantées face à la mer et battues par le vent glacial, des habitants tentant de renforcer les attaches pour éviter que leur abri ne s’envole. Au milieu de ces campements montés à la va-vite avec des bâches distribuées par des organisations humanitaires, des flaques d’eau stagnent dans les allées boueuses.

« Tout a été inondé », lâche Jamil al-Charafi. « Nous avons perdu nos couvertures, toute la nourriture est détrempée », raconte à l’AFP cet homme de 47 ans, père de six enfants, dans la région côtière de Mawassi (sud), où il a été déplacé près de Khan Younès. « Mes enfants tremblent de froid et de peur ».

La Défense civile a averti de l’imminence d’une « nouvelle dépression », attendue dans les prochaines heures avec « de fortes pluies et des vents violents », qui dureront jusqu’à lundi soir.

A Deir al-Balah (centre), Oum Mouïn et ses quatre enfants ont été réveillés en pleine nuit par le déluge. « L’eau était en train d’inonder la tente », explique cette Palestinienne de 34 ans, disant n’avoir « aucun endroit où aller ». Une autre réclame des logements en préfabriqué pour protéger les familles. « Vivre dans une tente, ça veut dire mourir de froid avec la pluie et de chaud en été », déplore Oum Rami.

Près de 80 % du bâti existant a été endommagé ou détruit par la guerre

Un cessez-le-feu précaire est en vigueur depuis octobre à Gaza, après deux années d’une guerre meurtrière entre l’armée israélienne et le Hamas palestinien. Mais une grave crise humanitaire pèse sur la bande de Gaza et ses 2,2 millions d’habitants. Dans le territoire, près de 80 % du bâti existant a été endommagé ou détruit par la guerre, selon des données de l’ONU.

Et 1,5 million de Gazaouis ont « perdu leur maison », rappelle à l’AFP Amjad Al-Chawa, directeur du Réseau des ONG palestiniennes à Gaza. Sur les plus de 300 000 tentes réclamées pour abriter des déplacés, « nous en avons reçu seulement 60 000 », précise-t-il, dénonçant les restrictions israéliennes pesant sur l’acheminement de l’aide humanitaire.

De son côté, le Cogat, l’organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes, a récemment fait état de l’arrivée de 310 000 tentes et bâches à Gaza, ainsi que de 1 800 camions transportant « des couvertures chaudes et des vêtements ». Il a aussi évoqué dimanche l’entrée à Gaza, en une semaine, de 4 200 camions chargés d’aide humanitaire.

L’aide autorisée à entrer n’est pas « à la hauteur des besoins », a estimé dimanche sur X Philippe Lazzarini, le chef de l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa). « Un rude hiver vient s’ajouter à plus de deux années de souffrances. La population à Gaza survit dans des tentes inondées, au milieu des ruines », a-t-il mis en garde.

18 morts après la tempête Byron en décembre

Mi-décembre, Gaza avait déjà connu un épisode de fortes pluies et de froid avec la tempête Byron. Ces intempéries avaient fait au moins 18 morts – des suites de l’effondrement de bâtiments en ruine ou des effets du froid, selon la Défense civile de Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) indiquait le 18 décembre que 235 000 personnes au moins avaient été affectées. Il rapportait l’effondrement de 17 bâtiments, outre 42 000 tentes ou abris de fortune endommagés totalement ou en partie.

Mohamed al-Souweirki, 39 ans et déplacé dans la région de Nousseirat (centre), témoigne de sa lassitude après cette série d’intempéries. « Le vent a arraché une partie de notre tente », dit-il. « On est à la rue et on craint que la météo continue comme ça, on n’en peut plus, on est fatigué de cette vie ».

Nouvel Obs / AFP

F. Achouri

Sociologue et consultante en développement des ressources humaines.

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