Un Coran d’Al-Azhar, sauvé des flammes en 1798, mis en vente

Echappant in extremis au brasier qui allait le consumer en 1798, grâce au sauvetage d’un imprimeur, Jean-Joseph Marcel, amoureux des manuscrits précieux et enrôlé volontaire, à ce titre, dans l’expédition Bonapartiste « La campagne d’Egypte » qui étouffa la révolte musulmane en saccageant la prestigieuse mosquée Al-Azhar du Caire, un Coran, véritable petit bijou livresque, a traversé les siècles pour se retrouver, le 9 juin prochain, mis en vente lors d’enchères à Fontainebleau.

Cet exemplaire unique, relié en cuir brun et décoré de fins entrelacs dorés, doit sa valeur à sa survie miraculeuse entrée dans la Grande Histoire, mais aussi à ses trois pages enluminées de première importance. En effet, ce volume comprend les deux premières des 114 sourates du Coran, à savoir les versets du psaume inaugural de la révélation coranique.

Comment évaluer le prix de cet inestimable Coran sauvé des flammes, qui était depuis plusieurs années entre les mains d’un chanceux propriétaire ? Ce dernier a d’ailleurs choisi de rester anonyme, alors que la mise à prix de son petit joyau a été estimée bien modestement, ou plutôt sous-estimée, entre 10 000 et 15 000 euros.

A l’occasion de cette vente aux enchères, le nom de l’imprimeur passé à la postérité pour son action de bravoure, Jean-Joseph Marcel, est exhumé du passé à la lumière du récit qu’il avait fait de son intervention périlleuse, dans la  préface de sa traduction des Contes du cheikh el-Mohdy parue en 1832 : « Je m’étais joint aux troupes qui furent commandées pour l’attaque de cette mosquée; cependant j’avouerai que je fus entraîné à cette expédition volontaire, non par un enthousiasme guerrier et un désir de gloire militaire, mais par l’intention de chercher à sauver du désastre qui se préparait quelques-uns des manuscrits précieux, dont je savais que cette mosquée était enrichie. J’ai en effet réussi à retirer des flammes, sous les balles des assaillants et des assiégés, quelques manuscrits acquis ainsi au risque de ma vie« , écrivait-il, comme le retrace le Figaro.

Source : Oumma

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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